La terre est-elle unique ?

Sans doute cette question ainsi posée est-elle curieuse au premier abord, mais elle est au coeur d’un très beau documentaire diffusé sur France5 jeudi dernier, et encore disponible en Replay ici.

Un effort pédagogique et esthétique plaisant

Réalisé par Laurent Lichtenstein, ce film revient sur l’ensemble des concours de circonstances qui expliquent la vie sur terre, tout en interrogeant les chances de découvrir un jour, quelque part dans l’univers, un écosystème semblable au nôtre.

Alléché par cette émission qui en parlait le jeudi midi même sur France Inter (écouter ci-dessous), mon homme nous a proposé que nous le regardions en famille ce vendredi soir.

Notre petit loup, fatigué de sa semaine, n’a pas tenu bien longtemps mais la grande avec nous s’est régalée : les images sont non seulement magnifiques, mais la narration rend accessible un grand nombre de notions souvent difficiles à appréhender. On saisit au fur et à mesure le rôle de la pluie, de la pression atmosphérique, des volcans, de l’océan, de la tectonique des plaques. On comprend que la quantité de CO2 dans l’atmosphère dépend de la quantité d’eau sur terre : notre écosystème terrestre bénéficie d’un thermostat géophysique particulier qui n’a pu se développer ni sur Mars (trop petite), ni sur Venus (qui ne contient pas d’eau dans son manteau – contrairement à notre planète, dont la surface s’est ré-hydratée suite à la collision avec Théia, qui a aussi donné naissance à la Lune – avec qui notre planète forme un vrai couple dans la galaxie).

Ces conditions ainsi réunies, la vie apparaît : générée sans doute par des bactéries venues de l’extérieur, ces molécules organiques son les premières briques du vivant sur Terre. Si cette dernière s’est formée il y a 4,4 milliards d’années, la vie est apparue assez rapidement, à l’échelle du Cosmos, il y a 3,8 milliards d’années. Comme l’explique fabuleusement bien la chercheuse Purification Lopez-Garcia dans le film, nous partageons les mêmes cellules de base, les mêmes ingrédients biochimiques, et nous sommes donc tous frères et soeurs, avec des traces d’un lointain passé commun…

A écouter les différents interlocuteurs, on saisit que la vie agit dans son environnement comme un éventail qui se déploie dans de multiples directions. Elle explore tous les possibles dans un mouvement permanent, une dynamique riche qui s’adapte en permanence. Voilà le teaser ci-dessous, ainsi qu’une interview du réalisateur sur Europe 1 :

Ces questions qui se posent

Au risque de passer pour une naïve qui découvre tout cela pour la première fois, j’ai la sensation de comprendre plus intimement le sens de tout cela aujourd’hui, à bientôt 40 ans. En regardant ce film, plusieurs interrogations et quelques intuitions me sont venues, notamment :

+ La vie est le fruit d’un hasard exceptionnel. C’est un phénomène unique au monde, à la galaxie même. Autant vous dire qu’il n’y a qu’un seul vaisseau spatial pour le vivant, et par conséquent pour l’espèce humaine.

+ La vie va de l’avant et nous ne sommes rien de plus qu’un élément supplémentaire de la biodiversité. Absolument rien de plus.

+ J’ai été marquée, à l’écran, par la manière dont l’apparition de la vie sur terre rime avec l’arrivée de nombreuses couleurs : dans le film c’est flagrant, le rouge, le vert, le bleu sont éclatants alors que la planète est précédemment dans des teintes plus sombres. Je ne manquerai pas d’interroger des astrophysiciens à ce sujet.

+ L’apparition de la vie sur terre découle d’un enchaînement de circonstances bien particulier : tout s’est enchaîné comme les pas d’un funambule doué pour effectuer une grande traversée qui n’était pas gagnée d’avance. Comment ne pas s’interroger sur l’existence d’un génie créateur, d’une forme d’intelligence suprême en mesure d’orchestrer tout cela…? Nombre de chercheurs ressentent cela, malgré tout l’esprit rationnel qu’ils mettent dans leurs travaux, la question subsiste face à ce « génie du vivant ». Est-ce de là que vient cette sensation d’ailleurs, quand on se sent aligné, en phase avec soi-même : ne reproduit-on pas à notre petite échelle les conditions de cet élan de vie, en lui offrant les conditions les plus propices à son épanouissement ? Le bien être ressenti dans ces circonstances ne nous vient-il pas de là ? Quand on s’est trouvé, qu’on se sent heureux, ne sommes nous pas juste en accord avec notre nature profonde ?

+ A écouter et observer ces chercheurs et scientifiques passionnés nous parler de cette genèse et de cette particularité du vivant, à les voir explorer pour comprendre encore et encore les circonstances qui ont rendu cela possible, je ne peux m’empêcher de me dire qu’il est là, le génie humain. Dans cette capacité à observer, comparer, déduire, penser, creuser encore, relier, décortiquer, créer… Seul hic : alors que nous ne savons, que nous documentons la course à notre perte, nous n’agissons pas collectivement pour redresser la barre. Tout ne se passerait-il pas comme si l’intelligence humaine se pensait supérieure à celle du vivant, en somme ? A croire que cette capacité qui lui est propre, que son accumulation de savoir et de connaissances et sa capacité à créer et croire, aussi, en la technique, ne soit pas riche, justement, des enseignements (de la sagesse ?) du vivant…. ?

+ Enfin, alors que nous nous interrogeons beaucoup sur la manière de renouveler nos récits actuellement, je me suis aussi interrogée sur l’histoire originelle, THE mythe fondateur : cette espèce fabulatrice que nous sommes n’a-t-elle pas besoin de se raconter des histoires pour vivre ? Pour se projeter sans cesse dans une compréhension du monde qui fabrique du sens ? Pour tenter d’expliquer ce qui la dépasse et rendre hommage, sans doute bien inconsciemment, à cette intelligence fabuleuse qui nous a ainsi créé ?

Ce ne sont que des questions, des pensées griffonnées sur mon carnet au fil de l’eau, mais je serai ravie d’en reparler avec vous

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